La journée est ensoleillée et une douce brise souffle dans les branches des arbres, créant une douce atmosphère. Quelques oiseaux chantonnent et je suis assis sur l'un des quelques bancs du parc. Assis est le mauvais terme ; je suis plutôt couché sur le banc, observant le ciel dégagé et les quelques nuages nomades qui se promènent au gré du vent. Je prend un peu de repos après cette longue journée de cours qui m'avait semblé interminable. Non que je n'aime pas cette école, mais j'avais à peine été à l'école dans mon enfance. J'avais vécu la majeure partie de ma vie dans la rue et l'autre chez un homme pervers à peine plus âgé que moi. Mais il a de l'argent et de l'influence. Il n'a besoin que de claquer des doigts pour que même les humains soient à ses pieds. J'en frissonne d'horreur, repensant à ces nuits trop nombreuses. Je me recroquevilles sur moi-même, fermant les yeux, épuisé de toutes ces images qui déferlent dans ma mémoire. Je me murmure à moi-même :

« Pourquoi ? »

Je veux disparaître à tout jamais, retourner dans la bienfaisance du néant. Je veux flotter, inconscient de tout ce qui se fait dans ce monde pourri. Peu à peu, je tombe dans un demi-sommeil, je n'entend plus que le silence apaisant. Je resserre doucement mes mains sur ma croix, puis soudainement une voix me sort de mon petit monde à moi. Une toute petite voix timide, typiquement masculine. « Besoin d'aide ? » J'ouvre doucement les yeux et éblouis par la lumière, je clignote rapidement des paupières, pour donner le temps à mes pupilles d'un vert clair à s'habituer à la clarté. Je me redresse d'un bond, sur la défensive. Je déteste me faire prendre par surprise, surtout pendant un moment de tranquillité comme celui-ci. Je me calme lentement, observant les alentours. Je ne suis que dans un parc. Il n'est pas là pour me reprendre. Mon regard se pose finalement sur un jeune homme, qui malgré cette chaleur, porte un sweat noir à capuche, largement trop grand pour lui. Je le fixe pendant un moment, silencieux, puis je lui répond simplement :

« N...Non, ça va ... aller. »

Je refuse son aide et me relève par moi-même en secouant mes vêtements emprunt de poussière. Le contact physique me dégoûte au plus au point, en espérant que l'autre Neko puisse bien comprendre ma réaction. L'autre semble bien rigoler de ma situation. « Ça va, pas trop mal ? » Je hoche la tête négativement, lui gratifiant d'un sourire poli qui se voulait rassurant. « Entre neko... Mon nom est Yô. Et toi ? » J'ouvris la bouche pour répondre, mais il me coupe bien rapidement. Il me semble bien bavard pour un Neko. « mais à l'Academie ont doit m'appeler Usami quand il y a des humains, Yô est mon prénom animal... » J'acquiesce simplement, passant une main dans mes cheveux, mal à l'aise. Il venait donc de l'académie lui aussi. J'oublie presque que cet endroit fait parti de l'école tant les arbres qui nous entourent nous coupe du monde.

« Je suis Keito. »

Ni plus, ni moins. Un prénom que je maudis depuis toujours.