Le neko aux cheveux de jais marchait en silence le long du petit lac formé par la cascade qui se jetait dedans en continu. Il avait ôter ses chaussures et chaussettes et marchait maintenant pieds nus dans l'eau fraiche. Peut importe pour lui s'il tombait malade ou non, il n'en avait que faire. Psyche aimait enseigner, mais en ce moment il avait des classes composées essentiellement d'humains le détestant, ce qui lui mettait le moral à zéro. Mais le neko restait courageux malgré tout avec tout au fond de lui l'espoir d'une justice prochaine. Oh oui, l'égalité il en rêvait outre mesure : Pouvoir marcher dans la rue sans capuche, sans ces regards dédaigneux, parfois ces coups. Mais il savait que ce n'était qu'une utopie, une chimère qu'il poursuivait pour s'évader de ce monde injuste. L'espoir fait vivre dit-on. Alors il espérait pour vivre et il vivait pour espérer. Cercle vicieux encore et encore bouclé, comme le coeur de la tornade ou l'on se sent si proche de la sortie, la délivrance mais que le vent vous emporte dans ses tourbillons, encore et encore.

Psyche était sorti de l'eau et s'était assis dans l'herbe fraîchement arrosée par la légère rosée du matin. Le professeur avait finit par secher ses pieds et avait renfiler chaussettes et chaussures pour ramener ses jambes à lui. Il regardait le ciel de ce regard sanguinolent qui lui était propre, mais ce regard sanguin semblait éteint, moins vivant qu'à l'accoutumée. Le professeur poussa un long soupire de regrets, comme si tous les souvenirs qu'il s'était créés revenaient dans son esprit. Son enfance, le visage de ses parents, ses études et puis les premiers jours à l'Académie. Takao, O'Hara, Keito et puis Gatchan. Il ne savait pas ce que ces élèves étaient devenus, mais il éspérait toujours qu'ils aillent bien, même pour le blondinet qui lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres. Il secoua vivement la tête : Ce n'était pas le moment de se laisser aller à la nostalgie, il avait entendu du bruit. Il se redressa, nerveux comme une bête chassée et d'une voix tremblante de stresse, il demanda :

Psyche observait longuement l'autre félin, se détendant peu à peu en découvrant un de ses 'semblables'. C'était tout de même très triste qu'il se sente obligé d'avoir peut de tout ce qui bougeait. Le professeur de français sentit tous ses muscles se détendre l'un après l'autre, finissant par le déstresser tout à fait. Ses grandes oreilles noires se redressèrent doucement et il se redressa, observant l'autre garçon avec de grands yeux curieux. Il le détailla longuement. Son regard sanguin glissa le long de ses oreilles, trifouillant sa chevelure brune, filant sur son front, ses yeux où il accrocha un instant le regard de l'autre neko avant de glisser sur son nez fin, pour finir sur ses lèvres rosées et s'y attarder quelques millièmes de secondes de plus. Psyche finit par cligner des yeux plusieurs fois pour plonger son regard dans le sien une seconde fois.


Il lui offrit un petit sourire mal à l'aise et se leva. Il observa encore l'autre garçon, qui avait les mains en l'air. C'était assez drôle à voir, deux neko tellement terrifiés par le monde et la société qu'ils ne savaient même pas s'ils pouvaient croire en l'autre. Psyche s'approcha timidement, observant les alentours, aux aguets. Il fut soulagé de ne remarquer personne d'autre. Alors il s'arrêta à quelques centimètres de l'autre, le regardant sous toutes les coutures comme un animal curieux.